Les disparités entre les taux de change des devises du marché officiel et ceux du marché informel continuent de se creuser, illustrant une dynamique toujours fluctuante du paysage financier algérien. Cet écart, qui s’explique par des facteurs économiques et spéculatifs, reflète les tensions qui subsistent dans l’accès aux devises étrangères, notamment en raison des restrictions imposées par les autorités sur le marché officiel.
Des écarts significatifs entre les taux officiels et informels
Selon les chiffres publiés par la Banque d’Algérie pour la période du 6 au 8 mars 2024, l’euro affiche une valeur de 145,82 dinars algériens à l’achat et 145,86 dinars à la vente sur le marché officiel. Cependant, dans le marché informel, la devise européenne atteint des niveaux bien plus élevés, culminant à 238,00 dinars pour l’achat et 240,00 dinars pour la vente. Ce différentiel de près de 65 % montre la forte demande pour l’euro en dehors du circuit bancaire.
La situation est similaire pour le dollar américain, qui se maintient à 134,28 dinars à l’achat et 134,30 dinars à la vente au sein du marché officiel. Mais au Square Port Saïd d’Alger, épicentre du marché noir des devises, la monnaie américaine s’échange à 220,00 dinars à l’achat et 222,00 dinars à la vente, soit un écart de près de 65 % également.
Quant au dollar canadien, la Banque d’Algérie l’affiche à 98,94 dinars à l’achat et 98,89 dinars à la vente. Toutefois, dans la sphère informelle, la devise canadienne atteint 159,00 dinars à l’achat et 161,00 dinars à la vente, traduisant là aussi une forte disparité.
Une spéculation toujours en hausse
Ces écarts révèlent une pression constante sur le marché informel où la demande pour les devises étrangères demeure forte. Les restrictions bancaires, combinées aux besoins des opérateurs économiques et des particuliers, alimentent une spéculation qui ne faiblit pas.
L’absence d’un mécanisme de régulation efficace et la rareté des devises dans les circuits officiels favorisent cet écart persistant. Pour les acteurs économiques, cette dualité des taux constitue un défi majeur, influençant tant les importations que les investissements. L’évolution de cette situation dépendra en grande partie des décisions des autorités monétaires et des mesures prises pour stabiliser les flux de devises en Algérie.